Au pays du « Plus jamais ça » : un jugement tardif mais exemplaire
VILLA CONSTITUCION
l’histoire tragique d’une ville qui refuse l’oubli
Entretiens avec le procureur ADOLFO VILLATTE, 11/8/2024 et l’avocat plaidant FEDERICO PAGLIERO, 22/11/2024




En mars 1975, Villa Constitución, ville industrielle argentine située près de Rosario, est le théâtre d’une vaste opération de répression. Avec 28 000 habitants et 6 000 métallurgistes affiliés à l’UOM, la ville a connu d’importantes luttes syndicales.
Après la victoire de la « Lista Marrón » anti-bureaucratique aux élections syndicales de novembre 1974, dans un contexte de grève générale et de soulèvement ouvrier et populaire, le gouvernement d’Isabel Martínez de Perón lance l’« Operativo serpiente roja del Paraná » (Opération serpent rouge du Paraná). Le 20 mars 1975, 4 000 soldats de diverses forces de répression envahissent la ville et arrêtent plus de 300 travailleurs, dont la quasi-totalité des dirigeants syndicaux locaux.
Les travailleurs ont répondu par une grève de deux mois dans l’entreprise sidérurgique Acindar (Industria Argentina de Aceros S.R.L.), qui a finalement été levée le 19 mai en raison de la répression gouvernementale. L’entreprise Acindar, présidée à l’époque par José Alfredo Martínez de Hoz, a activement collaboré à la répression, autorisant même un centre de détention illégal dans ses locaux.
En novembre 2023, un procès, connu sous le nom de « Villa Constitución », a été ouvert pour enquêter sur 24 personnes accusées de ces actes répressifs, un an avant le coup d’État militaire de 1976.
Nous présentons ici les entretiens réalisés par Diana Quattrocchi-Woisson avec le procureur de l’affaire, Adolfo Villatte, et l’avocat de la partie plaignante, Federico Pagliero.
