
Le 26 octobre, un nouveau cycle de renouvellement législatif aura lieu en Argentine. La moitié des députés et un tiers des sièges de sénateurs seront renouvelés. Si ce processus s’inscrit dans les routines institutionnelles qui stabilisent le développement démocratique dans le pays, le contexte dans lequel il se déroule est inédit. D’abord parce que le gouvernement de Javier Milei élu démocratiquement, qui bénéficie du soutien partisan le plus fragile depuis 1983, devra relever le défi de renforcer son soutien partisan au sein des chambres législatives nationales, et ensuite parce que ce gouvernement est confronté à la crise la plus grave depuis sa nette victoire aux dernières élections présidentielles d’octobre 2023.
La défaite inattendue des candidats du mouvement La Libertad Avanza, face au péronisme, lors des élections locales du 7 septembre dans le principal district du pays (la province de Buenos Aires) a accéléré l’incertitude sur le plan économique, remettant en question la capacité du gouvernement à contrôler le prix du dollar et à maintenir la stabilisation macroéconomique. Mais cette défaite a aussi illustré, face aux accusations de corruption, la fragilité du contrat moral que Milei avait réussi à établir avec une partie majoritaire de la population. L’annonce de l’aide financière que l’administration étasunienne apporterait personnellement pour soutenir stratégiquement un gouvernement « ami » sur le continent semblait donner un nouveau souffle au gouvernement. Mais la démission du principal candidat dans la province de Buenos Aires, accusé de collusions avec le narcotrafic, a placé le gouvernement dans une position très délicate à l’approche des élections décisives d’octobre.
Le gouvernement pourra-il compter sur le soutien américain si les résultats ne lui sont pas favorables ? Sans ce soutien, est-il possible d’éviter une course aux devises ? Quelle marge de manœuvre le gouvernement aura-t-il pour éviter une accélération de la crise dans ce contexte ? Et quelles sont les chances de l’Argentine d’empêcher une nouvelle crise démocratique ? Quelle sera la position de l’opposition dans ce contexte ? Est-il possible d’y résoudre la lutte interne pour le leadership ?
Depuis l’Observatoire de l’Argentine contemporaine, nous chercherons, grâce à la participation de différents spécialistes, à réfléchir aux reconfigurations politiques en cours dans ce pays, à la lumière des résultats de ces élections décisives.
Conférence-débat le 30 octobre à 19h à la Maison de l’Amérique latine, avec :
Denis Merklen
Sociologue spécialisé dans l’étude des classes populaires. Il est professeur à l’université Sorbonne-Nouvelle et directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IIHEAL).
Sofyaine Chbari
Doctorant en science politique au sein du Centre de recherches internationales (CERI-Sciences Po). Il travaille sur les mécanismes d’ancrages des partis politiques en milieux populaires à travers une approche comparative entre la France et l’Argentine.
Fabien Rodriguez
Doctorant en science politique à l’Université Sorbonne Nouvelle, au sein du Centre de recherche et de documentation sur les Amériques (CREDA). Ses recherches portent sur l’extrême droite argentine contemporaine, les comportements politiques, le militantisme et le vote.
Séance présidée par Pablo Stefanoni, journaliste et docteur en histoire.
